Élections 2010
Anselme Remy à propos des élections de 1990
Ayiti Kale Je a demandé au professeur Anselme Remy d’expliquer pourquoi le MOP ainsi que d’autres partis et organisations ont décidé de prendre part à la course électorale en 1990.
Ces élections, au cours de laquelle Jean Bertrand Aristide a remporté une large victoire, «furent le couronnement de ma carrière », a déclaré le professeur.
Mais aujourd’hui Remy voit les choses différemment.
Anselme Remy, ancien professeur à la Northeastern State University,
universités Clark et Fisk, ainsi que à l'Université du District
of Columbia, et maintenant professeur à l'Université d'État d'Haïti
Faculté des sciences humaines.
Ayiti Kale Je a demandé à parler davantage sur les partis et organisations du mouvement Lavalass qui ont décidé de participer aux élections du système de « démocratie bourgeoise ».
« A notre retour en Haïti, nous avons trouvé une conjoncture. Même si personnellement, ces élections n’avaient pas une grande importance à mes yeux, parce que ce qui m’importait c’était la transformation radicale de la société haïtienne…
« Mais même avec vos rêves, vos projets, vous devez tenir compte de la réalité objective. Donc nous avons été forcés de faire un compromis avec la conjoncture…où les forces progressives perdaient du terrain au profit de l’impérialisme ».
Remy a révélé que les organisations ont décidé que « la lutte pour la démocratie bourgeoise pourrait avoir la capacité d’attirer les masses, et ensuite notre espoir était qu’avec un parti d’avant-garde nous réussissions à transformer la démocratie bourgeoise en une démocratie réelle ou populaire ».
Ayiti Kale Je a demandé Remy comment il considérait cette décision aujourd’hui, 20 ans après.
« Ce fut une erreur » a-t-il dit.
« Ce n’est pas que j’ai des regrets mais il reste que ce fut une erreur. A l’époque face à la montée de l’impérialisme il y avait une tendance à éviter ce que l’on appelle l’ "extrémisme", aujourd’hui on vous taxe de "terroriste".
« Mais à l’époque c’était l’ "extrémisme", alors tout le monde essayait de faire des compromis. Mais dans un compromis il faut ce qu’on appelle "give and take" (donner et prendre), il faut quelqu’un qui donne et quelqu’un qui prend. Or dans cette soit disant compromis une seule partie donnait.
« C’était les forces progressives parce qu’elles voulaient éviter l’étiquette d’ « extrémiste ». L’impérialisme de donnait rien. L’impérialisme gagnait du terrain. Donc je pense que c’était une erreur.
« Nous aurions dû l’affronter à l’époque. Aujourd’hui c’est une autre époque. Mais nous aurions du risquer la confrontation, je ne dis pas que nous aurions gagné, mais c’était possible ».
Partie 2 – Élections 2010
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