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Partie 3 - Le plan – Sera t-il efficace?

Une enquête de trois semaines par Ayiti Kale Je a révélé que - contrairement à ce que le silence du gouvernement pourrait indiquer - les organisations non-gouvernementales (ONG) et les agences multilatérales et internationales ont un plan pour la relocalisation des 1,3 millions réfugiés vivant dans les 1354 camps sordides.

Dans la Partie 1, nous avons demandé "Qui est responsable et quel est le plan?"
Dans la Partie 2, nous avons considéré "Quels sont les défis?"
Dans cet article, on s’interroge sur l’efficacité du plan.

Récemment, Dr. Paul Farmer, co-fondateur du Partners in Health/Zanmi Lasante, et adjoint de l’envoyé spécial des Nations Unies pour Haïti, s'est adressé au groupe parlementaire "Black Caucus" du Congrès américain.

Parlant de la crise humanitaire en Haïti, Farmer a noté que

"En tant que médecins, nous savons que ce qui s'est passé le 12 Janvier est décrit avec justesse comme un « attaque aiguë sur une maladie chronique ».... [L] es problèmes auxquelles nous avons prises aujourd'hui sont de longue date, bien que ils ont été beaucoup aggravés par la pire catastrophe naturelle à frapper le monde durant les derniers siècles." [Cliquez ici pour télécharger le témoignage]

En 2009, Haïti est classé 149 sur 182 pays par rapport à l'Indice de Développement Humain des Nations Unies - calculé en prenant en compte l'espérance de vie, alphabétisation, accès à l'éducation, santé, eau potable, le PIB par habitant et d'autres indicateurs. Plus de 70 pour cent des Haïtiens vivent avec moins de $US 2 dollars par jour.

En 1980, avant que le gouvernement haïtien a commencé à soulever de façon drastique les tarifs douaniers qui protégeaient les paysans d'Haïti contre les importations alimentaires étrangères, environ 750,000 personnes vivaient dans la région de Port-au-Prince. Aujourd'hui, il y a près de 3 millions, principalement dans les bidonvilles et les taudis qui montent à l’assaut des collines. Les gens ont afflué vers la capitale en raison d'un système agricole en crise, un manque d'infrastructures et de services dans d'autres parties du pays, le chômage massif et d'autres problèmes économiques et sociaux.

Le "Stratégie de Retour et de Relocalisation" [voir Partie 1 et Partie 2], avec ses 135,000 T-Shelters, des incitations en espèces et même les quartiers éventuels prévus, ne permettra pas de relever ces défis structurels sous-jacents.

"Les ONG n'ont pas une solution aux problèmes du pays," a dit Sanon Renel, organisateur communautaire. Renel est un membre de FRAKKA, le Front de Réflexion et d'Action sur la Question du Logement qui est composée des comités des camps, des groupes de droits humains et autres.

En effet, Haïti a récemment été qualifiée la "République des ONG," mais des centaines – et selon certains estimations, des milliers – d’ONG ont été présentes en Haïti au cours des trois dernières décennies, mais elles n’ont pas résolu la misère et d'autres problèmes qui affectent le pays et ses gens.

Graphique montrant "aide" humanitaire, maintien de la paix et développement pour Haïti. Notez que dans les trois cas, une certaine quantité de cet argent refluent vers le pays donateur, ou jamais le laisse. Une grande partie de l'aide ne va pas à l'Etat haïtien aussie, en passant au lieu par les ONG. Haïti a reçu US$ 175 millions de dollars en 2008. Source: OECD Aid to Fragile States: Focus on Haiti

"Les ONG fournissent certains services minimes", a poursuivi Renel. "Si elles n'étaient pas là, plus de gens seraient morts. Mais elles ne sont pas la réponse. Nous avons besoin de plus qu'une solution à court terme. Nous avons besoin d'une autre sorte d'état: Un État qui sert la majorité."

Dans un article écrit juste après le tremblement de terre, Alex Dupuy, professeur haïtien à l'Université Wesleyan aux Etats-Unis, a acquiescé, soulignant que la quantité élevée de morts est dûe à "l'insuffisance des infrastructures, la construction de logements inférieurs, et le mépris de longue date pour les besoins de base et les droits de la population." [souligné par nous]

Dupuy jette le blâme carrément sur les "classes dominantes économiques et politiques" haïtiennes ainsi que sur "les gouvernements étrangers et les acteurs économiques qui ont des intérêts de longue date en Haïti, principalement ceux de pays avancés  – les États-Unis, Canada, et France – et de leurs institutions financières internationales (IFI) – la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire international, la Banque Interaméricain de Développement. "

Il écrit qu’Haïti "doit rompre avec les politiques prônées par les grandes puissances et les institutions financières internationales qui se sont révélées désastreuses pour l'économie haïtienne. »  Et Dupuy ajoute sa voix à celles - à l'intérieur et à l'extérieur du pays - appelant le peuple haïtien "à se mobiliser comme il l’a fait en 1990 pour changer le statu quo. "

Partie 1 - Qui est responsable et quel est le plan?

Partie 2 – Quels sont les défis?

Le système "Cluster" en Haïti

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